Carson City, Nevada

La guerre semblait avoir toujours fait rage dans cette ville où tout n’était que chaos. Faire partie d’un gang n’avait pour moi rien d’amusant. En fait, c’était juste un moyen de m’assurer que les gens auxquels je tenais ne se feraient pas attaquer sans que je le sache, sans que je ne puisse essayer de les défendre. Mon but ce n’était pas de sauver ma peau, mais sauver la leur. Sauver ma famille, mais plus que tout, sauver ma petite sœur que je protégeais plus que tout, même si je ne le lui avais jamais montré. Je savais qu’un jour viendrait où je devrais choisir entre me sauver où les protéger tous. Ce n’était plus du courage, mais simplement de la pure folie. Mais j’avais déjà fait mon choix. Et rien, ni personne malheureusement, ne pouvait me faire changer d’avis.
Je compris alors, lorsqu'il fut trop tard pour moi de reculer face à mes décisions, que cette guerre insensée n’avait pas de limites. En quelques instants, je me retrouvais l’abdomen troué par des balles à feu, allongé à terre, baignant dans une marre de sang, le mien sans aucun doute. Ma sœur était là. Je ne le voulais pas cependant. Je ne voulais pas qu’elle me voit dans cet état, car je savais déjà ce qu’il en serait, alors que je me jetais quelque peu inconsciemment dans la gueule du loup. Avant de fermer définitivement les yeux, à travers le flou qui s’emparait de ma vision, en la regardant les larmes aux yeux, je parvins toute fois à articuler : Je t’aime petite sœur.

Une ville peut en cacher une autre. C’est le cas de Carson City, avec ses apparences tranquilles, sans histoire, autoritaire et bien trop paisible pour certains visiteurs. Pourtant, la réalité profonde de la ville est bien trop différente de cela.

Partagée entre rivalité, désir de rivalité, ignorance et désir de tranquillité, la population de Carson City, déjà divisée par ses différents niveaux sociaux, voit le peu de gens qui pouvait s’associer grâce aux similitudes de leur situation se déchirer, quitte à même se déclarer la guerre entre eux et à tout faire pour humilier les autres.

Le phénomène s’est surtout constaté chez les jeunes. En effet, dès le début de l’adolescence jusqu’à plus de leur majorité, ils mènent la rébellion. C’est d’ailleurs une chose inexplicable qui, souvent, surprend au plus haut point les parents, et par définition l’autorité, qui ne comprennnent pas les motifs qui poussent la génération qu’ils ont engendrée à agir de la sorte.

L’autorité civile, tout comme les parents, se trouve d’ailleurs bien dépassée par cette situation. Hors de contrôle, ils ont bien du mal à se faire respecter, ou plus simplement à se faire considérer par les jeunes qui n’en font qu’à leur tête.

Entre bastons, querelles, rivalités, défis, humiliations et concurrence, se pourrait-il qu’un jour, la situation à Carson City réussisse à s’améliorer ? Reste-t-il encore un espoir pour ceux des habitants mêlés à ce chaos à leur insu de voir une ville un jour en paix ?